
Il peut être compliqué d'expliquer comment en tant que psychologue, il est possible de s'opposer au projet de remboursement des consultations initié par le gouvernement à titre expérimental, local et ciblé. Une position que je soutiens, mais qui nécessite un peu de pédagogie.
A première vue, cela semble être un progrès favorisant à la fois l'accès au soin et la reconnaissance de la profession de psychologue. La question du coût du soin en privé et des difficultés à accéder au service public est un élément ramené régulièrement par les personnes qui consultent.
Sauf que les conditions proposées pour l'expérimentation souffrent de deux biais très importants:
- premièrement, ils dénaturent la fonction du psychologue, sa capacité à adapter le cadre à chaque patient, son indépendance, son expertise, en imposant une durée de séance, une durée de thérapie, et l'obligation d'une prescription médicale.
- Plus grave, ce projet intervient dans un contexte de déstructuration des structures publiques de pédopsychiatrie, de soins aux jeunes adultes et aux adolescents. Les journaux se font échos à longueur de semaine de l'état de la psychiatrie adulte et infanto-juvénile. Il y a une logique de libéralisation rampante de la politique de santé qui au final risque d'exclure une partie de la population.
Cette mesure qui s'avance sous l'angle d'une expérimentation progressiste cache en fait une régression importante et une logique économique-financière: un psychologue en libéral coûtera toujours moins cher et sera plus dépendant, et donc servile, qu'un service de pédopsychiatrie ou un pédopsychiatre expérimenté.
Le communiqué de plusieurs organisations professionnelles et syndicales qui suit me semble non seulement équilibré et juste, mais encore parfaitement clair. Je le soutiens sans réserve, et si jamais l'expérimentation avait lieu dans le Rhône, je n'y participerai certainement pas. Ce qui n'empêche pas de réfléchir à des formes de prise en compte de la précarité du public.